La justice de l’ancillaire d’Ann Lecki

Non, non, vous ne rêvez pas, il s’agit bien d’une critique littéraire pour le Défi SFFF et diversité de Lhisbei ! Après la fin (jusqu’aux résultats d’admissibilité en tout cas…) du concours, je vais essayer d’avancer un peu dans ce challenge, d’autant plus que j’ai des livres d’avance, il faut juste que je me force un peu à rédiger mes articles !

Synopsis

Nous suivons Breq, un personnage étrange lancé dans une quête dangereuse, tandis que son passé nous est peu à peu révélé…

 

 

Voici un livre difficile à résumer, son personnage différent et la découverte de l’univers créé par l’auteur constituant clairement un des plaisirs de la lecture ! Le roman mêle en effet le space-opera à des concepts transhumanistes assez poussés (mais un peu plus simples quand même que ceux d’Hannu Rajaniemi).
Mais le plus difficile à apréhender reste la langue ! En effet, l’auteure a choisi de ne pas faire apparaître du tout de genre féminin ou masculin. J’avoue avoir eu du mal au début à imaginer tous  ces personnages dont on ne sait pas si ce sont des hommes ou des femmes, mais le travail linguistique (ainsi que celui de la traduction !) est vraiment impressionnant !

Moi qui ai un peu étudié la traduction, j’admire le travail effectué,  le choix de n’utiliser que le pronom elle(s) pour brouiller les genres (ça m’a rappelé un peu Chroniques du Pays des Mères d’Elisabeth Vonarburg) et je serais curieuse de lire la version originale (ça a dû être plus facile pour les genres !). Par contre, les adjectifs non accordés donnent une impression étrange au début.

Outre cette particularité d’écriture, il y a également tout un travail sur la notion d’identité avec des changements radicaux pour différents personnages…  Intelligence artificielle, conscience copiée/répartie sur plusieurs corps, interrogation sur la notion d’humanité, voici un livre de SF qui fait clairement réfléchir !

Cependant, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas une intrigue prenante ! Elle met un moment à décoller, mais tous les détails prennent peu à peu tous leurs sens et on est alors emporté par cette histoire de vengeance, et ce d’autant plus que l’échelle de l’intrigue est épique à tous les niveaux (durée, personnages, étendue…) !

Par ailleurs, l’empire Radschaï se révèle aussi intéressant. S’il s’agit clairement les grands empires dictatoriaux des romans de space-opera, ses habitants ne se voient pas ainsi et on une vision extrêmement colonialiste des choses (tous les non Radchaï sont des barbares non-civilisés, le lavage de cerveau pour devenir un « citoyen utile » est totalement acceptable… ça m’a particulièrement évoqué l’Empire britannique, surtout avec l’importance du thé !).

On retrouve ici des thèmes classiques de SF (surveillance orwellienne des IA, oppression) mais du point de vue de quelqu’un qui vient de ce système et considère beaucoup de ces choses comme normales.

 

Il s’agit du premier tome d’une trilogie, et si la fin conclut la plupart des fils narratifs, il y a de nombreuses ouvertures pour la suite. J’aimerais beaucoup en savoir plus sur les Presger, race alien étrange dont on ne sait presque rien !

Une petite réserve : je n’ai pas totalement adhéré au niveau émotionnel (comme ça a pu être le cas pour La Passe-miroir, par exemple, ou encore The Risen Empire de Scott Westerfeld)) et ai surtout apprécié la construction intellectuelle. Ca s’est un peu amélioré vers la fin du roman, et on verra si j’ai cette même sensation pour la suite !

 

Conclusion :

Un roman déroutant au premier abord mais qui mérite qu’on s’accroche pour son originalité ambitieuse ! Les thèmes explorés sont intéressants, surtout dans le cadre du challenge sur la diversité !

 

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2 Réponses

  1. Donc tu as apprécié la traduction, j’ai cru comprendre qu’elle faisait débat… (du coup je me sens obligée de le lire un jour pour me faire mon avis d’ailleurs ^^)

    • Je comprends qu’on puisse ne pas apprécié, mais ayant fait une option traduction dans mes études de langue, je vois la logique du choix (gommer les genres) et après quelques pages ça ne m’a plus choqué !

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