Rosa Candida d’Audur Ava Olafsdottir : une critique piquante !

Ce livre a été pour moi une grosse déception ! Je l’ai reçu en cadeau d’anniversaire après en avoir entendu parler sur un blog littéraire. Et puis, depuis Millénium (que j’ai adoré), j’étais curieuse de découvrir d’autres auteurs nordiques ! je Ce n’est pas un mauvais livre comme ceux de Marc Levy ou Dan Brown, mais vraiment pas du tout mon genre ! Attention, critique passionnée et 100% subjective !

Un petit résumé du début avant explication :

Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s’en rendre compte les dernières paroles d’une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C’est là qu’Arnljótur aura aimé Anna, une amie d’un ami, un petit bout de nuit, et l’aura mise innocemment enceinte. Il a donc une fille de quelques mois, Flora Sol.

Spoilers

Le livre tout entier est une tranche de vie racontée sous la forme d’un « stream of consciousness ». ou « courant de conscience » en français. Tout le long du livre, on est donc plongé dans les pensées du héros, un jeune homme assez paumé après la mort de sa mère et la naissance de sa fille. En plus d’avoir un nom imprononçable, le « héros » est un personnage passif qui se laisse porter par les évènements sans réagir. Or, vous savez maintenant combien je déteste les personnages passifs ! De plus, il se passe très peu de choses dans le roman, au final : un long « road-trip » pour arriver au monastère, son installation dans ce village paumé et sa relation naissante avec sa fille et la mère de celle-ci en dernière partie (la moins inintéressante) !

Le personnage commence le roman en croyant qu’il va mourir (il a l’appendicite) et se plaint pendant un bon nombre de pages, alors que les lecteurs savent parfaitement qu’il va survivre encore un moment (pour leur malheur !) ! On a l’illustration de la tendance masculine à dramatiser le moindre bobo dans toute sa splendeur !

Autre chose qui m’a agacée et frustrée tout au long du roman : c’est un roman quotidien et « réaliste » et on n’a pas le moindre détail des endroits où il se trouve ! Je ne demande pas des descriptions à la Balzac (que je déteste !) mais avoir une vague idée des pays traversés, de l’endroit où se situe le monastère…Si ! J’aime savoir où je me trouve, éventuellement chercher des informations si le lieu existe…Ce n’est pas possible ici !

Le personnage principal se fait balloter par tout le monde ou presque : son père au début, le couple qu’il rencontre dans la forêt, Anna… J’avais envie de le secouer comme un prunier pour le faire réagir, se mettre en colère, s’enthousiasmer franchement…mais non, il reste mou tout le long du livre !

Le mode narratif nous donne le droit de voir toutes ses pensées, en particulier ses envies sexuelles, ce dont je me serais bien passée ! D’autant plus que ça n’amène rien de concret : pas de relation marquante lors de son road-trip, de révélation sur sa sexualité (vu certaines remarques, je commençais à me demander s’il n’était pas homo !)…

J’ai eu une brève lueur d’espoir lors de la dernière partie : Anna arrive dans des circonstances étranges, très maigre et déprimée avec Flora Sol. Je me suis dis que ça allait ENFIN décoller, mais là encore, je n’ai pas été très satisfaite. Une fois de plus le personnage principal se laisse porter par les évènements, il ne réagit pas vraiment. Bon, il construit quand même une relation touchante avec sa fille, ce qui fait que cette dernière partie est quand même la meilleure pour moi. Il tombe aussi plus ou moins amoureux d’Anna et se pose des questions existentielles sur « qu’est-ce que l’amour ?, comment savoir si une femme vous aime ? … ». Mais il ne parle pas de ça avec Anna, non, ça serait trop facile ! Il préfère en parler à son ami moine, qui lui offre de la philosophie de comptoir (ou de cinéma d’art et d’essai pour être plus précise !).

En plus, j’attendais une révélation de la part d’Anna : vu son arrivée et sa maigreur, j’étais persuadée qu’elle était atteinte d’une maladie incurable et qu’elle venait confier Flora à son père avant de mourir. Ça aurait été beau et tragique, le personnage principal aurait peut-être enfin réagi violemment…

Eh bien non, toutes mes attentes ont été déçues ! Anna voulait juste se débarrasser de sa fille pour pouvoir continuer ses études tranquillement ! Elle n’a même pas trop de remords à quitter Arnljotur, après avoir eu une relation avec lui et l’avoir fait tomber amoureux d’elle ! Quant à ce dernier, comment réagit-il à ce départ ? Il est vaguement triste mais compréhensif, il accepte passivement la situation, une fois de plus ! Pas de colère, de grande scène de ménage avec Anna… Non, il la laisse partir et lui pardonne presque immédiatement de lui avoir brisé le cœur !

Et la fin ?, me demanderez-vous ? C’est ça. Il se retrouve seul avec Flora dans ce petit village perdu et ça s’arrête là ! On ne sait pas s’il retrouvera Anna un jour, s’il restera toute sa vie à travailler pour le monastère…ça s’arrête comme ça, sans vraie fin, sans doute sous le prétexte que c’est une « tranche de vie » ! Alors qu’une fin tragique avec Anna mourante/condamnée et Arnljotur forcé de réagir et de mûrir aurait pu me faire apprécier le roman, mais non, ce livre est définitivement irrécupérable à mes yeux !

Pour conclure, un roman frustrant qui m’a vraiment déçu ! Les romans de la littérature contemporaine généraliste ne sont pas mon genre de prédilection, mais je peux en apprécier certains (dernier exemple en date : Le Club des Incorrigibles Optimistes); encore faut-il qu’il se passe quelque chose, qu’il y ait une histoire et une évolution des personnages ! Je n’ai rien de trouvé de ça dans le roman, et il sera sûrement dans la partie « humeurs » de mon bilan littéraire 2011 ! Le genre « tranche de vie » et « courant de conscience » est clairement un genre que je ne supporte pas ! Dans le genre, j’avais aussi essayé L’attrape-coeur, et au risque de choque, j’ai détesté et n’ai pas pu le finir !

Bref, avant de l’acheter, sachez que c’est un roman trèèèèèèèèèès contemplatif, avec un personnage principal mou et peu attachant qui nous fait part de toutes ses interrogations, même (et surtout) les plus futiles et qui n’évolue pas beaucoup au cours du roman !

Pour ma part, j’ai commencé Léviathan de Scott Westerfeld, une uchronie jeunesse au cours de la Première Guerre Mondiale : c’est peut-être moins « travaillé » au niveau littéraire et écriture que Rosa Candida, mais je m’amuse beaucoup plus en le lisant et le dévore beaucoup plus rapidement ! Pour moi, le plus important c’est d’abord une bonne histoire (où il se passe des choses) et des personnages attachants !

13 Réponses

  1. Ce livre est au programme de mon club de lecture sur le thème de la littérature nordique.
    Mais je ne lis que du négatif dessus…. je vais faire l’impasse.

  2. Bah moi j’avais lu presque que du positif, hein, c’est pour ça qu’il m’intéressait, donc je pense que ça peut plaire à d’autres ! Ma mère a beaucoup aimé par exemple. Si tu veux lire des avis positifs pour te faire une idée plus objective, tu peux aller là :
    http://livrogne.com/2010/11/rosa-candida-audur-ava-olafsdottir/comment-page-1/#comment-1255

    • Après pas mal de positif, je ne lis maintenant que du négatif, un livre qui ne laisse donc pas indifférent a priori.
      Mais moi, il ne m’attire pas du tout !

  3. en tout cas, il ne laisse pas indifférent !

  4. Disons qu’il faut aimer les livres très contemplatifs…

  5. Ba en lecture nordique, rien ne vaut un bon Sigrid Unset !! …non ?

  6. J’avoue que je ne connais pas du tout ! C’est quel genre ?

  7. Comme je veux lire le livre, je ne lis pas vraiment ton billet… mais disons qu’après avoir lu une copine râler tout le long de sa lecture, je suis un peu craintive, maintenant.

  8. Désolée si je t’ai dégoutée d’avance, ce n’était pas le but ! J’espère que tu t’ennuieras moins que moi lors de ta lecture !

  9. […] Rosa Candida d’Audur AvaOlafsdottir: voir ma critique complète ici ! Un livre de littérature générale avec un grand succès public et critique. J’avoue que […]

  10. Ma libraire avait encensé ce livre. Je n’ai vraiment pas aimé : histoire inintéressante. Cela m’a fait penser à une Gavalda islandaise. !
    Gentil sans plus.
    En littérature nordique, je préfère Walmo.

  11. J’adore ce livre, j’y vois un humour désinvolte mordant, une manière de voir les femmes qui est bien plus répandue chez les hommes qu’on ne l’imagine, enfin les pensées du jeune homme sont précises, authentiques, c’est un beau travail sur toutes nos petites pensées floues.

    • Peut-être, mais ce que je recherche dans un livre, c’est avant tout une bonne histoire et des personnages intéressants. Ce livre est très contemplatif et les personnages ne m’ont pas paru très charismatique…

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