Thursday Next : Le Puit des Histoires Perdues de Jasper Fforde

Et voilà, j’ai lu le tome 3 de la série (et c’est un autre ouvrage pour
le challenge Winter Time Travel ainsi que le challenge God Save The Livre) ! J’ai cru comprendre que de nombreux lecteurs avaient moins aimé que le tome 2, je peux en imaginer les raisons, mais moi, j’ai accroché tout autant qu’au deuxième !

On reprend là où on s’était arrêté, avec Thursday qui est censée se reposer jusqu’à la fin de sa grossesse… mais tout ne va évidemment pas se passer comme prévu ! En effet, le livre où elle s’installe est menacé de démolition faute de trouver quelqu’un pour le publier. Et puis, sa formation continue sous la houlette de Miss Havisham pour devenir un agent à part entière de la JuriFiction. Enfin, il va y avoir un grand événement dans le Monde des Livres : le lancement d’un nouveau format de lecture qui fait débat. Thursday va naturellement se retrouver au cœur de la mêlée…

Pour commencer une remarque sur la VF (c’est le premier tome que je ne lis pas en VO) : elle est correcte, mais pas transcendante ! La traductrice fait généralement un travail honnête, mais ce n’est pas Patrick Couton ! Bon, ce n’est pas toujours facile de traduire les jeux de mots, mais je n’ai pas été convaincue par le NDBDPphone pour footnotephone : certes, c’est la traduction littérale, mais au niveau prononciation, c’est franchement pas top ! Je le relirai certainement en VO !

J’ai toujours autant apprécié les mises en abîmes et les clins d’œil littéraires (l’aspect « méta-littéraire », quoi !) : par exemple la parodie des livres d’Enid Blyton (j’adorais Le Club des Cinq quand j’avais 9 ans !), les personnages génériques qui doivent tout apprendre, les enchères de personnages pour les livres mis au rebut, les personnages de livres qui se syndiquent… J’ai aussi aimé savoir d’où vient « vraiment » l’inspiration, la parodie de nombreux polars avec Les Hauts de Caversham

L’histoire de la création d’Uriah Heep, due au « vyrus ortografique », est tout bonnement géniale !

La scène en « split screen » (2 scènes simultanées, une qui se passe dans le texte principal, l’autre en note de bas de page ») est une trouvaille magnifique !

Spoilers

L’intrigue principale se partage entre la lutte de Thursday contre l’oubli et l’intrigue sur Ultraworld. J’avoue que j’ai trouvé les passages au sein des souvenirs de Thursday parfois un peu longuets, à force ! La fin est bien trouvée, par contre : rien n’est plus effrayant que les peurs infantiles !

En revanche, j’ai été très vite happée par l’intrigue sur UltraWorld, même si je l’ai vue venir de loin : on insistait beaucoup trop sur le grand événement que cela représenterait, la révolution pour le Monde des Livres… Bon, je n’ai pas trouvé l’intrigue policière très complexe : j’ai compris bien avant l’héroïne qui était le responsable des meurtres (dès que Miss Havisham et elle font part à Tweed de leurs soupçons et que Miss Havisham décède juste après dans un « accident » !), mais ce n’est pas ça le plus intéressant pour moi. Ce que j’ai aimé, c’est la parodie des « révolutions » du livre électronique et de la lecture enrichie. L’auteur tacle au passage les éditeurs qui, sous prétexte de protéger leurs livres contre le piratage, empêchent l’accès au livre électronique à plus de 3 personnes (« trois lectures simultanées ») et empêchent ainsi qu’on prête un livre que l’on a aimé, ou encore, le fait que les éditeurs voudraient contrôler le contenu du e-book en permanence et pourraient le changer à leur guise ! Le e-book a des avantages certains, mais il va falloir empêcher les éditeurs d’avoir un contrôle absolu dessus !

Fforde se moque aussi de la volonté de certains de tout vouloir simplifier, standardiser… malheureusement trop vrai aujourd’hui : je me rappelle avoir été choquée que les Club des Cinq aient été entièrement retraduits en enlevant le passé simple pour le remplacer par le passé composé, les romans abrégés (comme s’ils étaient très longs !), on enlève le subjonctif, le vocabulaire est simplifié… Une horreur !

Bref, j’ai adoré cette mise en abîme, la manière dont on parle de la révolution que constituera le livre électronique et la lecture enrichie, et que Thursday en revienne au bon vieux livre ! L’e-book, pourquoi pas, mais avec un contrôle du lecteur identique à celui qu’il a sur un livre papier (et on perd quand même l’odeur et le toucher !) et à des prix raisonnables !

L’intrigue et la fin sont jouissives, avec les stratagèmes déployées par Thurday pour contrer Tweed et Libris ! Et la conclusion pour empêcher le Grand Central des Textes de nuire est délicieusement britannique et très vraie : on nomme une commission à sa tête !

Le personnage de la grande-mère est également très réussi, on devine une vie épique derrière ses anecdotes pince-sans-rire et elle est un vrai soutien pour Thursday ! Deane est aussi fort sympathique en faux méchant avec un grand cœur !

Conclusion : j’ai aimé ce tome-là autant que le tome 2 et je vais le relire très vite en VO et continuer la série très bientôt ! J’adore vraiment ce mélange de mes genres préférés ! Les inventions méta-littéraires et mises en abîme de Fforde sont vraiment le meilleur de ces livres, vraiment originales et réussies, avec leurs logiques propres !

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12 Réponses

  1. Je vois qu’on est bien d’accord 😀 e ton billet met en valeur certains aspects quaquels je n’ai pas pensé ou que je n’ai pas eu la pace de relater!
    Concernant les « simplifications » de livre, tu as bien raiqon, une horreur!
    Enfin, comme tu auras pu lire dans mon billet sur le 2e tome surtout (mais aussi le 3e) moi aussi je n’aime pas trop le travail de cette traductrice… parfois il y a carrément des mauvaises traductions, par exemple pour les produits culturels! … je trouve cela plus que limite à vrai dire :/

  2. Je vais relire le 3ème en VO, et je sens que je vais encore plus m’arracher les cheveux pour la
    traduction ! Décidément, je ne lirai Fforde qu’en VO, contrairement à Pratchett (où Patrick Couton fait un travail formidable : si je peux, je les lis en VO puis en VF, les deux sont excellents !) !

  3. Premier passage ici, premier commentaire 🙂 :
    Je viens de finir le 2 et je me régale!! Jasper Fforde est vraiment une découverte jouissive! Mais quel courage de le lire en VO. Je lis d’autres livres en VO (bien obligée en fait parce que la plupart de ceux que je veux lire ne sont pas traduits) mais là, avec toutes les inventions de l’auteur, j’aurais vraiment peur de ne rien comprendre!!
    Maintenant, je me languis de lire le tome 3 mais je fais un peu durer le plaisir ^ ^

  4. Contente de croiser une autre fan de Fforde ! 🙂
    Quant à lire en VO, je te conseillerai de commencer par des nouvelles puis des romans jeunesse, c’est fatigant au tout début, puis ça vient tout seul et tu pourras augmenter le niveau de difficulté (c’est comme ça que j’ai commencé) !
    Bon,il faut dire que j’ai fait des études d’anglais, ça m’aide sûrement pour les jeux de mots et choses plus complexes !

    • Ah ben comme toi, l’ambiance scolaire anglo-saxonne aide à comprendre ces choses -là (moi collège et lycée international donc beaucoup d’heures d’anglais)… je me rappelle encore la première fois où j’ai lu un livre anglais comme s’il était écrit en français… quel bonheur! L’impression d’avoir passé un cap important! 🙂

    • Je lis déjà en V.O. mais je suis juste un peu effrayée par ce genre de livres avec beaucoup de mots inventés et de jeux de mots. Il faudrait que j’essaie pour voir…

      • C’est comme en français finalement, la première l’auteur explique plus ou moins et tu t’y fais…

  5. Tout pareil, sauf que j’ai attendu les études supérieures pour me spécialiser en langues ! Mais je me suis formée à la lecture en VO en autodidacte avant, et j’ai réussi à lire mon premier roman à la fin de la seconde (Harry Potter 4, je ne pouvais pas attendre la VF !) ! C’est effectivement un vrai bonheur d’y arriver enfin, sans avoir le dico sur les genoux !

  6. Tout à fait, tout à fait, tout à fait d’accord! J’adore ce tome pour l’aspect métalinguistique et ce ne sont pas les intrigues qui me font le plus tripper… mais les clins d’oeil aux divers roman. Intéressant ta réflexion sur la simplification des romans… je ne savais pas que c’était si courant…

  7. Bah c’est courant en jeunesse (même si pour les classiques « honorables, on se contente de couper des passages) !

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