Ce livre a été lu dans le cadre du Summer Star Wars et grâce aux conseils de milathea ! Il s’agit une fois encore d’un space-opera écrit durant l’âge d’or de la SF, mais cet ouvrage a quelque chose de plus que Le pont sur les étoiles ou Cities in Flight…
Synopsis :
Quand un vaisseau plein d’extraterrestres atterrit dans une petite villa anglaise sur le point de partir en croisade, ils sont d’abord pris pour des démons et exterminés . Mais il reste un survivant et Sir Roger De Tourneville pense alors pouvoir se servir du « navire céleste » pour mener une croisade-éclair avec toute sa ville à ses côtés. Mais il est dupé et se retrouve sur une autre planète !
Mis à part l’introduction, tout le roman est un long flashback, via les mémoires de Frère Parvus, un des personnages secondaires de l’histoire.
Le principal intérêt de ce roman est le point de vue particulier adopté : à l’inverse de Star Trek, les protagonistes sont des primitifs confrontés à la modernité…avec succès parce que Sir Roger est adaptable et malin et que l’empire dominant est également décadent.
C’est assez délicieux de lire les aventures de ces Anglais moyenâgeux plongés dans un conflit interstellaire malgré eux, avec tous leurs préjugés, leurs habitudes…
Le roman est écrit à la manière des gestes médiévales, on sent l’admiration de l’écrivain pour Sir Roger, son parti pris évident contre ses ennemis…sans oublier l’inévitable triangle amoureux arthurien qui joue un rôle capital dans l’intrigue !
Le roman est bien roman rythmé et a plusieurs péripéties efficaces et un affrontement final dramatique !
Spoilers cruciaux sur l’intrigue !
Sa fin est bien amenée, même si je l’ai trouvé assez surprenante ! En effet, je ne m’attendais pas à un succès aussi complet, Frère Parvus ayant plusieurs fois fait allusion à la « Tragédie ayant frappé Messire de Tourneville » !
Forcément, le rival de Sir Roger a des ascendances normandes, il est donc normal qu’il soit porté à la trahison et ne respecte pas sa parole… une fois encore, la vision biaisée et partiale de l’auteur est évident ! L’invasion normande n’a pas encore été digérée…
L’épilogue amène le roman vers l’uchronie en racontant la rencontre d’un capitaine de la Terre moderne (qui vient de découvrir le vol spatial) et cette civilisation galactique aux valeurs encore moyenâgeuses…
Je l’avais déjà évoqué dans le brèves, mais le mélange de l’organisation et des valeurs moyenâgeuses avec la technologie stellaire (avec une civilisation bien installée et dominant les extraterrestres) m’évoque particulièrement univers de jeux de rôle : Fading Suns (un univers que j’adore avec ses complots et jeux politiques entre nobles, Église et Guilde, de l’aventure, de l’exploration…) ! J’aurais aimé voir la redécouverte d’une planète « barbare » : notre propre terre avec des valeurs modernes mais une technologie inférieure !
Fin spoilers
J’aime quand un space-opera joue avec des civilisations à différents niveaux de développements, les interactions entre elles…Par contre, j’aurais aimé que les conséquences de la rencontre finale soient plus développées !
Conclusion :
Un roman de space-opera très sympathique et qui adopte un point de vue original ! Grâce à cela, ce classique a très bien vieilli !
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Très sympa ta critique, je suis contente que ça t’ait plu !
Par contre, un détail : je pense que le fait que l’ennemi de Sir Roger soit d’ascendance anglo-normande est simplement un clin d’œil au vieux poncif « saxons contre normands », comme dans Robin des Bois. Il ne fait pas le prendre comme une parti-prix anti-français ! 🙂
Poul Anderson connaissait la France, où il est venu plusieurs fois, notamment en Bretagne : il a d’ailleurs écrit avec sa femme une saga sur la cité d’Ys. 😉
milathea : oups, oui, tu as raison, je vais corriger ! La saga dont tu parles me tente bien, j’ai un faible pour les cités perdues; elle vaut le coup ?
Je l’ai quelque spart en anglais, mais je ne l’ai pas lue. Par contre, c’est un traitement très historique, semble-t-il, plus que de fantasy pure.
Je vois pas trop l’ anti-rapport avec Star Trek, à cause de la technologie ? Il y a dans Star Trek quelques épisodes géniaux pour prendre les choses sous un autre angle comme le fait ce livre : où les « primitifs » se confrontent à la technologie de la Fédération, cette dernière n’ayant aucun droit de s’y impliquer (la Première Directive interdisant toute contamination culturelle). Souvent les capitaines doivent louvoyer pour sauver leurs hommes sans désobéir à la sacro-sainte directive. Et puis c’est souvent raconté du point de vue des étrangers. entre autre « observateur observé » TNG 3×04 (http://chezlaventurierdesreves.over-blog.com/article-tng-3×04-observateurs-observes-who-watches-the-watchers-57918040.html)
Lael : l’équipage découvre parfois des planètes primitives, et il se pose alors la question de la « prime directive », c’est à ça que je pensais, mais c’est sûr que l’équipage ne peut pas trop s’impliquer !
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