Des conséquences d’être une geekette multiclassée

Une petite définition du mot geek pour les non-initiés : http://fr.wikipedia.org/wiki/Geek#cite_note-nolife-0

http://www.travailleursduweb.com/2007/12/23/geek-nerd-nolife.html

 

Comme vous le savez déjà si vous lisez ce blog, j’ai plusieurs passions intenses : les livres, les jeux de rôle, les séries … Mes genres préférés sont la SF et la fantasy (je suis geek, après tout !) mais j’adore aussi la culture anglophone (livres classiques du XIXème, séries anglaises de genre variées …), la métafiction …

Le fait d’être passionnée par ces différents domaines présente des avantages et des inconvénients.

Je vais commencer par parler des points négatifs que cette « dispersion » peut engendrer :

Un copain rôliste à qui j’en parlais me disait en plaisantant qu’il valait mieux être spécialisé et optimisé dans une seule classe (terme de JDR) pour être plus efficace. Ce n’est pas tout à fait faux : je dois régulièrement faire des choix (souvent déchirants !) en matière de répartition de temps pour mes différentes passions. Si je lis une série de gros pavés de SF ou de fantasy, j’aurais naturellement moins de temps pour voir des séries ou préparer un scénario. Du coup, je ne peux pas connaître autant de choses que les gens qui ont une seule passion : quand je vois la vitesse de visionnage de certains téléphages par exemple, je suis épatée !

Autre conséquence : je me retrouve souvent toute seule à parler d’une de mes passions, inconnues pour les autres membres du groupe : je vais parler de mes dernières lectures à des copains rôlistes qui ne lisent pratiquement que des mangas (un des rares genres à ne pas m’intéresser, naturellement !) ou de séries et webséries à des lectrices qui ne regardent presque que ce que leur propose la télé française. C’est parfois frustrant d’être la seule à connaître quelque chose ! C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a fait ouvrir ce blog : c’est un espace où je peux parler de TOUT ce qui m’intéresse sans craindre d’ennuyer qui que ce soit : chacun peut lire uniquement ce qui l’intéresse.

Enfin, le fait de jouer aux JDR, d’écrire des scénarios, des historiques et de m’intéresser à des sites comme TV Tropes (qui expliquent et référencent les schémas narratifs, clichés, stéréotypes …) me rend plus exigeante en matière de fiction. Je vais avoir tendance à lever les yeux au ciel quand je lirais/verrais un plan d’évasion ou d’intrusion cliché (un prisonnier joue les malades et le garde rentre sans méfiance, un bâtiment protégé par une alarme mais pas de caméras …) et ça va me faire perdre l’implication que j’avais dans l’œuvre. De même, étant rôliste et ayant eu à faire face à beaucoup de situations imaginaires dangereuses voire désespérées, je ne supporte plus les personnages qui pleurnichent, se rendent alors qu’ils avaient d’autres possibilités, qui ne voient pas arriver le traître, pourtant évident… alors que je peux imaginer 10 solutions ou manières de réagir ! Il y a donc de nombreux livres/séries que j’ai du mal à apprécier quand les personnages principaux sont passifs ou agissent de manière totalement stupide ! Les tragédies à la Racine, les romans naturalistes (Une Vie de Maupassant m’a donné de l’urticaire toute ma Première avec son « héroïne » oie blanche jusqu’au bout !), les romans contemplatifs, les séries aux personnages stupides et/ou résignés… je peux apprécier leurs qualités littéraires ou télévisuelles mais je ne pourrai pas m’identifier aux personnages et ils ne me toucheront donc pratiquement pas au niveau émotionnel. C’est apparemment le cas de la plupart des rôlistes expérimentés.

 

Malgré tout, il y a aussi de très nombreux aspects positifs à cette diversité de passions !

Tout d’abord, le transfert d’idées. Si on veut se retrouver autour d’une partie de JDR, mais qu’il manque un MJ et un scénario, c’est souvent à moi qu’on fait appel. En effet, je peux très facilement trouver des idées à partir des très nombreux romans que j’ai lus (d’autant plus que j’en lis en VO et qu’ils ne sont pas toujours traduits !) ou de séries anglaises obscures pour mes copains geeks-rôlistes. Bon parfois, la trame d’origine des romans/séries n’est plus du tout respectée, mais c’est aussi ça qui est fun avec le JDR : les histoires qui prennent un tour imprévu, les plans malins (et non prévisibles) des PJs qui changent la donne … Je me rappelle d’une partie de Warhammer où j’avais repris la trame de Pride and Prejudice/Orgueil et Préjugé : c’était très drôle de voir les PJs dans la peau de jeunes filles (ils n’avaient que leurs esprits d’aventuriers bourrins !) se démener pour mettre Darcy et Lizzie ensemble ! Évidemment, je manque rarement d’idées pour mes backgrounds, le seul problème étant que j’ai tendance à me laisser emporter par le plaisir d’écrire ainsi que le travail sur le style littéraire et qu’il n’est pas forcément très fonctionnel pour le MJ qui doit lire toutes ses pages ! En plus, j’écris ce background pour un personnage principal, donc je n’hésite pas à charger la barque en matière d’ennemis, de traumatismes… (j’aime les personnages un peu malmenés voire tourmentés). J’espère que la plupart du temps il aura quand même plaisir à lire ces mini-nouvelles …

Et puis, de toute cette diversité, naît aussi une forme de richesse : je fréquente des gens (et des sites) avec des intérêts différents, ce qui me permet de faire de très nombreuses découvertes dans des genres différents. Sans forcément les tester moi-même, j’entends parler aussi bien de jeux vidéos, mangas que de prix Goncourt, de télé française, de films classiques… autant de choses qui ne m’intéressent pas a priori, mais dont j’ai une connaissance superficielle grâce à ces conversations. Et puis, j’hésite rarement à essayer quelque chose dont on me parle avec passion (bon, pas Secret Story ou Poubelle, la Vie, il y a des limites !) ce qui me donne au moins un aperçu de ces univers exotiques (séries australiennes, asiatiques, webséries …) et d’avoir une bonne culture générale. Et parfois, je me découvre alors une nouvelle passion (webséries, quelques films de l’âge d’or …) ! Bien entendu, il arrive aussi que je fasse découvrir certaines de mes passions avec succès, et c’est un tel plaisir de voir quelqu’un devenir aussi fan que vous et de pouvoir discuter des heures ensuite !

Et je me sens des affinités aussi bien avec des rôlistes, que des informaticiens, des lecteurs à Montreuil que des profs qui refont le monde ou des bibliothécaires !

Enfin, si on est plus exigeant vis-à-vis du réalisme des œuvres et des personnages, on découvre une autre forme de plaisir à repérer (voire démonter) les ressorts d’une œuvre, à deviner ce qui va se passer, à la voir au second degré… et on apprécie d’autant mieux les œuvres vraiment originales, bien construites … Cela permet aussi de jouer avec ces clichés quand on écrit un scénario, un background… Pour avoir une idée des clichés repérés dans mes genres préférés et du plaisir qu’on a à les démonter, rendez-vous ici : http://www.saladdin.net/evillord.htm (le top des trucs que je ferais si je devenais un jour le Seigneur du Mal). C’est à mourir de rire ! Et c’est comme ça que j’ai découvert le plasir de la métafiction : les allusions directes au genre (la littérature qui parle de littérature, les séries de séries), tous les clins d’oeil et hommages à des oeuvres importantes, les réflexions sur les limites d’un médium …

 

Globalement, malgré les inconvénients énoncés plus hauts, je suis plutôt contente d’avoir toutes ces passions différentes qui nourrissent mon imaginaire et ma curiosité intellectuelle !

2 Réponses

  1. Tout ceci est bien vu… Etre « Geekette multiclassée » a en effet pas mal d’avantages, mais aussi pas mal d’inconvénients et tu les as bien cernés sur le plan des connaissances et des passions.

    Pour ma part, j’évolue dans un milieu très cultivé, mais la plupart des gens ne sont savants que sur leur domaine (l’histoire) : leur culture générale en science, en archéologie, en ethnologie ou dans certaines littératures est proche du zéro pointé. La majorité n’a pas de télé et s’en fait une fierté, méprisant même la culture que certaines chaînes peuvent pourtant nous apporter. Je n’arrive même pas à comprendre comment on peut manquer à ce point de curiosité. C’est désespérant !

    Et je suis tout à fait d’accord sur les personnages résignés ou passifs : il y a des baffes qui se perdent ! 🙂

  2. Coucou Beatrix ! Ravie que tu viennes me rendre visite par ici et que tu apprécie mes observations personnelles ! Je suis d’accord, beaucoup de gens autour de moi n’ont aucune passion, ou se limitent à une seule, c’est dommage !

    On va pouvoir distribuer les baffes ensemble, alors ! 😉

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :